Il y a quelques temps, je suis (re)tombée sur cet article de Marie de La Salade à tout. J’adore son blog, il a contribué à la création du mien, parce qu’elle m’inspire, elle me fait rire, elle me fait réfléchir… Bref, je vous conseille d’aller voir ce qu’elle fait si la consommation responsable vous intéresse. Et cela n’a aucun rapport avec le fait que ce soit une ancienne assistante sociale et familiale.
Toujours est-il que son article sur eux (comprendre : ceux qui nous gouvernent) m’a de nouveau fait réfléchir à mes propres idées politiques.
Je dis « de nouveau » parce que cette réflexion, au fond de moi, a eu lieu plus d’une fois.
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Parenthèse vers le passé…
1995 : mini-Wisel découvre que quelqu’un dirige le pays, et que ce quelqu’un va changer. Une copine lui dit que ses parents vont voter pour un certain monsieur qui conseille aux gens de manger des pommes. Alors quand mini-Wisel rentre chez elle, elle demande à ses parents pour qui ils vont voter. « Monsieur Bidul », répond sa mère. « Monsieur Chouette », répond son père.
»» Mais… C’est qui le gentil, et c’est qui le méchant ?
« Ils sont tous méchants », répond son père.
Mini-Wisel repart perplexe dans sa chambre, remplie de questions qu’elle oublie aussitôt qu’elle joue avec ses poupées.
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2002 : mini-Wisel découvre qu’il y a la gauche, la droite, mais aussi l’extrême droite (et du coup l’extrême gauche, suppose-t-elle ?) Elle demande à ses parents pour qui ils vont voter. « À droite », répond sa mère. « À gauche », répond son père.
»» Mais alors, vous n’avez pas à aller voter ? Ça sert à rien, non ?
« Bien sûr que si ! », répondent-ils en cœur, comme si rien au monde n’était plus évident.
Mini-Wisel repart perplexe dans sa chambre, remplie de questions qu’elle oublie aussitôt qu’elle retrouve ses livres.
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2007 : Little Wisel est presque une adulte, elle va voter pour la première fois et en est très fière. Elle lit tout bien comme il faut, elle s’intéresse aux candidats, fait des tableaux comparatifs pour effectuer un choix réfléchi et éclairé. Parce que c’est important, le choix d’un Président ! C’est lui qui Dirige, qui Gouverne, qui fait les Lois, qui Gère l’argent du Peuple ! Du moins, c’est la vision de Little Wisel. Et dans ses yeux, l’enjeu est absolument immense.
Sauf que. Little Wisel ne comprend rien. Elle fait des efforts pourtant, mais tout lui paraît bien trop flou et bien trop vague. Et pourtant, il faut choisir, c’est important. Mais sur quoi se baser, quand tout semble si inconsistant ?
Alors Little Wisel relit tout bien, et choisit le candidat qui lui paraît le mieux. À savoir celui qui a l’air gentil et honnête. Mais il ne passera pas au second tour. Alors elle se renseigne encore plus sur les deux candidats restants, mais tout lui paraît encore terriblement nébuleux. En plus, les débats n’arrangent rien : hormis se tirer dans les pattes et prendre « les français » à partie, ils ne disent rien de concret et éclairant. Et se sentir utilisée, Little Wisel n’aime pas ça. Elle aime la bienveillance, elle. Et elle pense que discréditer l’autre pour se mettre en valeur, c’est pas bien. Mais il faut choisir, c’est important.
Alors Little Wisel relit encore tout bien, et choisit le candidat qui lui paraît le mieux. À savoir celui qui ne veut pas bannir l’animation japonaise en France. Et oui, parce que Little Wisel aime les mangas, et comme elle n’apprécie les programmes d’aucun de ces deux candidats, elle base son choix sur un argument simple et à sa portée.
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2012 : il s’en est passé des choses depuis la dernière élection, et Little Wisel a bien changé. Elle a muté en Angry Wisel : énervée contre tout et tout le monde, contre la vie toute entière, son esprit critique a quitté son corps et Angry Wisel pense qu’elle serait bien plus heureuse sans tous les méchants. Elle est comme ça, Angry Wisel, elle a besoin d’un ennemi pour rationaliser la difficulté de sa vie. Sauf qu’il n’y a pas d’ennemi concret, parce que c’est la vie, c’est comme ça, c’est parfois injuste et tout n’a pas d’explication. Mais ça, Angry Wisel ne le sait pas encore.
Alors elle cherche de l’aide pour savoir qui sont les méchants. Fort heureusement, des gens sont toujours là pour répondre à ce genre de question : grâce à BFM TV et LCI, Angry Wisel sait contre qui axer sa colère. Bon, tout ne lui semble pas très sensé et elle a bien du mal à garder le cap de la logique quand elle y réfléchit deux secondes, mais comme elle évite de penser très longtemps, ça passe.
Elle a trop de colère en elle pour perdre du temps à penser, Angry Wisel.
Alors aux élections, Angry Wisel vote pour le parti des gens extrêmement en colère, ceux qui vont la débarrasser des étranges Ennemis, et sur le moment ça lui paraît être une bonne idée.
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2017 : Grâce à la pierre de lune #lesvraissavent Angry Wisel a évolué en Holy Wisel. Elle a canalisé son agressivité, rationalisé sa colère, et avance à son rythme pour découvrir ses valeurs, ce à quoi elle tient et ce qui lui est important (on y reviendra). Parce qu’elle n’avait jamais pris le temps de le faire, en fait. Holy Wisel pensait que c’était naturel, ce genre de choses, instinctif presque. Elle ne pensait pas que cela prenait du temps et de la réflexion de le comprendre.
Cette introspection l’a amené à se lancer dans une formation d’assistante de service social, où on lui répète combien la Politique c’est important. Alors elle se dit que ça doit forcément être le cas, parce que les politiques sociales, parce que son futur métier, tout ça… Euh… Enfin bref, elle comprend pas encore tout bien, mais c’est important.
Du coup pour les élections, évidemment qu’elle va voter ! Elle se renseigne sur tous les candidats, même s’il y a un côté qu’elle met rapidement à la poubelle, c’est vrai. Et puis elle fait des tableaux comparatifs, encore, pour que tout soit bien clair. Elle fait des cases, elle coche, elle surligne, elle cherche des mots dans le dictionnaire (le vrai, avec des pages en papier). Elle fait encore plus d’efforts que la dernière fois, parce qu’elle se dit que si ça lui a paru si peu clair la dernière fois, c’est qu’elle n’était pas encore assez mature pour comprendre, qu’elle n’avait pas fait assez d’efforts. Parce qu’elle se dit que si c’est si évident pour tout le monde que voter c’est ultra hyper important, le problème vient d’elle.
Sauf que. Tout lui paraît encore flou et inconsistant. Elle trouve bien un ou deux candidats qui rejoignent ses idées, mais… ça bloque, il y a quelque chose qu’elle saisit pas, il y a un truc qui tourne pas rond. En fait, elle y croit pas.
Mais quand elle essaie d’expliquer son sentiment autour d’elle, quand elle évoque le fait que peut-être elle ira pas pas voter. les regards accusateurs fusent : « Non mais tu te rends pas compte, le droit de vote c’est hyper important comme droit, nos parents et leurs parents se sont battus pour, et il faut faire entendre sa voix, et tu peux changer les choses avec un bulletin, et si tout le monde faisait comme toi le monde s’effondrerait et… »
Et puis comme Holy Wisel fréquente des assistantes sociales en devenir, elle leur en parle aussi. Mais les réactions sont toutes plus engagées les unes que les autres : « je ne comprends même pas comment ça peut passer par l’esprit d’un travailleur social de ne pas voter ! Notre métier dépend de la politique, sans la politique on ne peut rien faire, si le mauvais politicien est élu on risque tous de disparaître, et la politique elle est partout, comment tu peux dire ça ? Tu n’es plus citoyenne, si tu ne votes pas, et puis il faudra pas te plaindre après ! »
Mais elle se plaint pas, Holy Wisel… Elle dit juste que ça n’a pas de sens pour elle… Mais peut-être le dit-elle mal ? L’exprime-t-elle mal ? Elle a ce problème, souvent, Holy Wisel. Elle a l’impression de ne pas arriver à se faire comprendre. Et elle ne sait pas si cela vient d’elle (qui n’est pas claire) ou des autres (qui ne font pas d’effort). Et pourquoi les autres parlent-ils comme si c’était évident et ne prennent pas le temps d’expliquer avec de vrais arguments ? Et pourquoi quand elle décortique ce qu’ils disent, quand elle tente tant bien que mal de contre-argumenter, les autres la prennent-ils de haut ?
Sans réponse mais animée par la volonté de bien faire, Holy Wisel votera pour le candidat qui a l’air le plus gentil, le plus honnête, et dont les idées se rapproche des siennes. Mais là encore, quand elle en parle, les remarques jaillissent de toutes parts : « ah ben ça sert à rien il aura jamais assez de voix, là c’est juste pour lui rembourser ses frais de campagne que tu as voté hein ! Ton bulletin là, il a servi à rien. »
À cet instant, Holy Wisel a juste envie de s’asseoir et pleurer, parce qu’elle comprend encore moins. On lui dit de faire un choix, que c’est hyper important, et quand elle fait le choix, c’est pas le bon ? « C’était pas stratégique. » Parce qu’il y a une stratégie en plus ?! Mais Holy Wisel n’a jamais été bonne aux jeux de stratégie, alors… que faut-il faire ? Parce que là, on lui demande de re-voter au second tour, parce que c’est hyper important, parce qu’il faut « faire barrage ».
Et ça, ce sera la goutte d’eau.
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L’urne de la honte
Je me rappelle parfaitement le sentiment que j’ai éprouvé lorsque j’ai voté la dernière fois aux présidentielles, quand j’ai dû (encore) voter « contre ». L’ironie poussée à son paroxysme. Ce que j’ai ressenti, c’est du dégoût, de l’aversion pour ce geste insensé envers une personne qui me répugne et réunit en un seul homme une grande partie de ce que je déteste le plus. Je ne pense pas exagérer en parlant d’un début d’aliénation. Et tandis que je glissais le bulletin dans l’urne, j’ai senti le regard de Walo (bien sûr qu’il était là, il m’accompagne partout) me suppliant de ne pas vendre mon âme au diable. Et tandis que je sortais de l’école primaire où avaient lieu les élections, j’ai senti tout le poids de l’humiliation sur mes épaules #walkofshame
Alors j’ai fait la seule chose logique à faire en cet instant.
»» Allô, Ékiso ?
Ékiso, c’est celui qui deviendra l’astre de mes jours et de mes nuits (mais à l’époque, il ne l’était pas encore, enfin si mais pas tout à fait, enfin c’est compliqué, mais on s’égare.)
Je lui ai alors expliqué ma relation compliquée avec l’idée de politique, et de vote, et de démocratie en générale en fait. Et Ékiso, lui, il a tout de suite compris. Et il me révéla la vérité, celle qui m’était cachée jusqu’alors, celle dont on parle seulement dans l’obscurité les nuits de pleine lune, sous le manteau. Et ce qu’il m’apprit ce jour-là restera graver dans ma mémoire pour toujours. (Ou plutôt pour quelques semaines, parce que j’ai une très mauvaise mémoire.)
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The Conversation : l’expertise univékiso, l’exigence wiselistique
Je vous en livre ici un résumé presque aussi fidèle que Walo.
« Moi, je ne vote pas. »
Je tombe des nues, je ne sais pas quoi répondre. Les mots me manquent. Je ne savais même pas que c’était possible de l’assumer aussi facilement.
Devant mon embarras apparent, Ékiso m’explique l’illusion du choix.
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« Je suis un sympathique Amstellodamois à la chevelure imposante, j’ai publié un bouquin posthume pour éviter les foudres de la censure, j’ai bouleversé pas mal de gens avec mon « Éthique »… Je suis, je suis… Spinoza bien sûr ! »
« Les hommes se trompent en ce qu’ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »
L’Ethique, Livre I
« C’est en philo au lycée que l’ami Baruch m’a mis ma première claque philosophique et a dézingué une de mes croyances les plus profondes : je ne suis pas libre. Et oui. Alors tu vas me dire : mais moi je suis libre, la preuve, je fais des choix tous les jours, mon désir m’oriente selon mes préférences : mayo ou ketchup, sur place ou à emporter, Batman ou Superman, Mars ou Snickers ?
Mais en fait, qui a décidé de tes préférences ? Qu’est ce qui te pousses à désirer telle ou telle chose ? Spinoza te réponds : des causes que tu ne maîtrise pas.
« Pour ma part, je déteste le taboulé. Toi, Wisel, tu adores ça. J’aimerais aimer le taboulé, mais j’en suis incapable. J’aimerais désirer le taboulé, y prendre du plaisir, la vie serait plus belle et plus facile, nous partagerions une assiette de ton meilleur taboulé devant un couché de soleil, il y aurait des poivrons et de la menthe, nous ririons en nous racontant l’histoire populaire de sa découverte. Mais je ne le peux pas.
« Admettons aujourd’hui qu’il soit possible de faire un stage (ou une intervention chirurgicale) qui peut rendre fanatique du taboulé. Je m’y rends. Maintenant, j’aime le taboulé me diras-tu ? Et tu auras raison, j’ai choisi de faire ce stage. Mais mon libre arbitre n’y est pour rien… Pourquoi voulais-je aimer le taboulé à la base : pour en manger avec toi ? Pour me rendre la vie plus facile lors des piques niques ? Mais je n’ai jamais choisi que toi Wisel tu aimes le taboulé, je n’ai pas choisi de désirer en manger avec toi et qu’il soit présent à tous les piques niques des gens biens… »
[J’imagine, avec le recul, qu’il s’agissait alors de sa façon de me draguer. Mais cela n’a aucun rapport avec la politique.]
Maintenant, il est possible de remplacer taboulé par « avoir des relation hétérosexuelles » et Wisel par « la société dans laquelle je vis », par exemple.
Ou encore par n’importe quoi d’autre.
Ékiso, avec ce discours, m’a fait mettre le pied dans l’engrenage : nous sommes déterminés.
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=u3lapME67VI
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Ékiso continue alors :
« Tout ça pour te dire que je me vois comme un être déterminée par mon environnement, entouré de centaines de milliers d’autres êtres eux aussi déterminés par l’environnement. Autant te dire que lorsque l’on me dit : ‘mais oui ! Intéresse-toi à la politique / l’écologie / le bien-être animal / le taboulé… tu peux faire changer les choses !!’ ou ‘Mais il y a des gens qui se sont battus pour que tu ais des droits ! Heureusement qu’ils y a des gens qui se sont battus pour les droits des femmes / des ouvriers / des immigrés !’… et bien je ne réponds rien, mais au fond de moi, je pouffe.
« Et oui, c’est vrai, mais comme le dit notre ami Frédéric Lordon [qui promeut une manière de penser les sciences sociales comme spinoziste, ça alors !], c’est le désir commun, ce sont les affects communs qui mettent en mouvement les groupes d’individus pour obtenir des droits, pour que le capital les exploitent un peu moins, etc.
« Quant à moi… Ai-je vraiment une tête à créer des causes capables de mettre en mouvement les foules ? Non. Même si j’ai l’air motivé. »
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« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : ‘Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !’ Et le colibri lui répondit : ‘Je le sais, mais je fais ma part.’
Cette très belle fable Amérindiennes a été rendue célèbre par Pierre Rabhi.
Elle est belle car inspirante, apaisante, motivante… et fausse. Car ce cher monsieur Rabhi omet de nous raconter la fin (enfin c’est ce que disent des personnes plutôt calées en fables amérindiennes, ce qui n’est pas franchement mon cas. Par contre j’en connais un rayon en famille dysfonctionnelle, si ça vous intéresse).
Ceci étant dit, voici la fin de l’histoire, bien moins inspirante.
« Au bout de quelques heures, le petit colibri mourut d’épuisement, très fier de lui. Si fier de lui qu’il avait réussi à se construire un ego aussi monumental que l’incendie de forêt qu’il prétendait combattre. Puis la forêt brûla tout entière, comme de juste, jusqu’à la dernière fougère, jusqu’au dernier brin d’herbe. Le colibri n’avait guère quoi être si fier, finalement. »
Ékiso reprend alors :
« Est ce que cette fable était racontée telle quelle par les amérindiens ? Je ne sais pas et je m’en fiche. Mais cette fin me parle bien plus : ce sont les actes collectifs qui comptent et pour ma part, voter ou pisser sous la douche pour sauver la planète : idem.
« ‘Oui mais si tout le monde fait comme toi rien ne change !’ me diras-tu. C’est vrai. Mais je ne suis pas tout le monde : ça paraît peut-être affreux pour les gens bien-pensants, mais si je ne vote pas, c’est bien 1 bulletin qu’il y aura en moins dans les urnes, pas 2, pas 3, pas 500. Un seul.
« Notre conscience de groupe (ce n’est pas un terme scientifique hein, c’est moi qui invente ça ici : on n’est pas des fourmis que je sache) nous donne l’impression que nous contribuons à quelque chose de plus grand, que nous sommes un grain sans lequel le tas de sable n’existerait pas. Et c’est malheureux hein, mais c’est complètement faux ! Nous nous berçons d’illusion. Un vote a des chances complètement négligeables de changer quoi que ce soit selon le scrutin.
« Et l’écologie, le veganisme, la politique, la sensibilisation au social : pour moi c’est tout dans le même panier. Du coup, mes valeurs, on s’en fout. »
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=w2KRtsNBCvg
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À ce stade de la conversation, j’avais juste envie de creuser un trou dans la forêt pour y vivre en ermite. Et Ékiso l’a vu, du coup il a terminé son raisonnement.
« Pour autant, est-ce que je dis au gens de lâcher l’affaire et de devenir complètement nihiliste (comme moi) Pas du tout ! T’aimes la politique et tu penses que c’est utile d’aller voter, de manifester ? Vas y ! Vote, manifeste. T’es vegan et la souffrance animale te rend dingue ? Fonce, enchaîne-toi au tractopelle et libère les poulets des abattoirs (ou quelque chose comme ça). Tu fais pipi sous la douche, tu fais ton propre savon et ta lessive au lierre pour limiter les dégâts environnementaux des tensioactifs synthétiques ? Continue !
« Si ça te tient à cœur, si c’est ton truc, si tu seras mieux dans ton corps et dans ta tête. Pas par obligation, pas sous la contrainte, pas sous la pression, pas si le sens est inexistant. »
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Ah. Voilà où il voulait en venir alors. Est-ce que ça me tient à cœur ?
Pour rendre hommage à son monologue, j’ai pris le temps de réfléchir, de me renseigner, d’ingérer les infos, de me les approprier. Et je les ai mis en parallèle avec ma formation d’assistante sociale aussi, parce qu’elle m’a énormément appris tant sur les autres que sur moi-même.
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Adieu vote, voix, faux choix
La dernière fois que nous sommes allés voter avec Ékiso, nous étions des amoureux.
Il avait mis de coté toutes ses idées. Je voulais y aller (parce que je n’avais pas encore pu répondre à la question est-ce que ça me tient à cœur ?) et il ne voulait pas interférer (parce que je suis belle et intelligente).
Alors nous avons lu les petits papiers que les candidats nous avaient envoyés pour les européennes, nous les avons étudiés, et il m’a fait part de son opinion le plus prudemment possible. Mais nous y sommes allés, et nous n’avons pas été déçus.
En arrivant au bureau de vote, nous avons découvert de nouveaux partis dont nous n’avions pas reçu les bulletins, mais qui étaient présents au bureau. Toutes nos belles études préliminaires : poubelle ! Pour voter « librement », il aurait fallu se rendre sur Internet afin d’avoir accès à tous les programmes #fracturenumérique #illectronisme
En se renseignant par la suite, Ékiso découvrira que ce ne sont pas les seules « malfaçons » dont l’élection a souffert : certains électeurs ont pu voter deux fois, d’autres ont étés radiés sans raisons…
Source : https://www.lci.fr/elections/europeennes-2019-citoyens-radies-bulletins-manquants-double-vote-les-couacs-de-ces-elections-2122264.html, ertains bureaux n’avaient même pas les bulletins nécéssaire au vote https://www.lci.fr/elections/europeennes-2019-citoyens-radies-bulletins-manquants-double-vote-les-couacs-de-ces-elections-2122264.html
J’étais défaite. Nous étions tout deux blasés.
Alors nous avons discutés, et Ékiso m’a expliqué un autre aspect de son point de vue : le vote consiste à déléguer son pouvoir à un représentant qui, une fois élu, n’a plus de compte à rendre à ses électeurs. Les seuls moyens de pression des citoyens sont alors les manifestations, les grèves, et la menace d’une non réélection. Et, il faut le dire, ces moyens ne sont certes pas négligeables mais ne pèsent pas bien lourds pour autant #nuitsdebouts #giletsjaunes #grèvedeshopitaux
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Alors voilà où j’en suis.
Plus je me suis penchée sur notre système politique (constitutionnel, législatif…), moins j’y ai trouvé de sens. Ai-je pour autant le devoir moral d’y participer ? La réponse appartient à chacun, mais la mienne est négative.
Je crois en d’autres choses : j’aime partager des connaissances, j’aime limiter au maximum la souffrances des animaux et des hommes lorsque je consomme, j’aime agir en faveur de ma planète, j’aime faire rire.
J’ai des tâches aveugles, j’en ai conscience, alors je tente de réduire leur impact.
Pour en découvrir plus, à vos risques et périls : https://youtu.be/qgYvTteV1-Y