Dernièrement, je vous présentais Rodriguès le stress, revenu d’entre les morts à l’occasion de mon deuxième entretien d’embauche.
Après dix jours d’une attente à la limite du supportable entrecoupée de faux espoirs (le téléphone sonne → numéro inconnu → mon cœur explose → « bonjour c’est le livreur » → politesse de façade / grommellement intérieur → raccroche) je reçois enfin l’Appel. Et pas celui de Dieu.
[Soyez préparés à découvrir dans les lignes ci-dessous ma spontanéité légendaire, celle que les assistantes sociales professionnelles arrivent à cacher.]
L’improbable conversation
« Bonjour Mademoiselle Wisel, ici Madame Chargée de recrutement de L’institution Campagnol Roussâtre, je ne vous dérange pas ? »
»» Non. (Nein. Nope. No. J’attends votre appel depuis 10 jours sans manger et sans boire, alors non, vous ne me dérangez pas.)
« Par-fait. Je vous appelle car vous avez participé à la session de recrutement pour le poste d’assistante de service social que nous avons organisé la semaine dernière (?) »
Cette dame, très souriante et agréable au téléphone, termine toutes ses phrases d’une intonation interrogative et je me sens obligée de les ponctuer d’une réponse pourtant a priori évidente…
»» Oui.
« Très bien. Je suis désolée de ne pas vous avoir rappelé plus tôt. Comme nous vous avions dit, nous avons eu une grosse session de recrutement avec beau-coup de candidats (?) »
»» Et oui…
« Nous avons aussi dû attendre d’avoir l’avis de la responsable régionale (?) »
»» D’accord… (Mais bon sang lâche le morceau ! J’en peux plus, j’ai envie de pleurer !)
« Voilà et vous vous êtes clairement démarquée, nous vous avons donc choisi pour le poste et…» (pour être honnête je ne me souviens plus de la suite, mon bonheur était trop intense, je n’ai plus rien imprimé ensuite pendant quelques secondes)
»» …
»» OH. MON. DIEU. Je suis TROP HEUREUSE ! (j’expire bruyamment)
« (rires de la gentille dame) Et bien je suis ravie de vous rendre heureuse ! »
»» Oh mon dieu mais MERCI MERCI MERCI ! Je vous REMERCIE tellement ! J’étais hyper stressée (merci Rodriguès) mais je voulais tellement vous montrer que je… et que… enfin je… MERCI !
« (re-rires) Oui avec Madame Chef de service on a senti votre stress et on a compris que vous aviez envie de vous vendre mais… Et bien… Ça a marché, vous êtes clairement sorti du lot et on a bien compris vos motivations, vos compétences, votre envie d’évolution aussi. »
[Ça c’est drôle. Parce que je ne me souviens pas avoir dit que je voulais évoluer dans la hiérarchie… Personne n’a moins de velléités d’évolution que moi aujourd’hui : j’entends seulement assurer un maximum sur le poste que l’on me confiera et pour cause, ce sera mon premier poste. Je suppose qu’elles ont confondu avec une autre candidate… Ou qu’elles ont retenu ce qu’elles pouvaient comprendre dans mes explications alors que Rodriguez appuyait sur ma poitrine en me répétant que je n’y arriverais jamais (il faut dire que je ne m’étais pas préparé à la question pourtant classique : « comment envisagez vous vôtre avenir professionnel dans 5 ans ? ») Dans tous les cas, j’étais prête à me plier à toutes leurs demandes pour intégrer cette institution.]
»» Merci merci merci merci (…) Je suis très TRÈS heureuse.
« Tant mieux ! (rires) La prise de poste est au 1er septembre, mais il est possible que vous n’ayez pas de nouvelles de notre part avant la fin du mois car la personne est en congés et aura beaucoup de travail à son retour (?) » (retour de l’intonation interrogative)
»» Oui pas de soucis, c’est très prévenant à vous de me le dire car effectivement j’aurais été capable d’attendre devant le téléphone nuit et jour.
« (encore des rires) Aucun problème ! En tout cas si vous n’avez pas de nouvelles avant le… 27-28 août on va dire, vous avez mon numéro, vous avez mon mail, n’hésitez pas à m’appeler. Mais dans l’intervalle, je vous rassure et je vous le redis, c’est vous qui avez le poste. »
»» OH MON DIEU c’est formidable répétez-le encore je ne m’en lasse pas !(oui, c’est vraiment ce que j’ai dit)
« (toujours des rires) C’est vous qui êtes sélectionnée Mademoiselle Wisel, c’est bien vous ! »
Et nous nous sommes dit au revoir en rigolant.
Parenthèse vers le passé : ma recherche d’emploi
Voici les questions qui revenaient le plus souvent, quand je disais que j’étais en formation d’assistante sociale :
– pourquoi ça ?
– c’est dur ça comme métier non ?
– ça embauche ça ?
Du coup, je vous livre mes statistiques sur « ça » :
– 3 CV différents pour les 3 milieux que m’intéressent
– 15 candidatures envoyées en 2 mois (parce que j’ai seulement sélectionné les annonces qui me plaisaient vraiment, mais il y en avait beaucoup d’autres)
– 1 jour pour écrire chaque lettre de motivation (recherches, rédaction, relecture, réécriture, relecture par Ékiso, réécriture, relecture, réécriture)
– 4 propositions d’entretien (dont un que j’ai annulé car le poste ne me convenait finalement pas, et un que j’ai refusé car j’avais déjà trouvé mon job de rêve)
– 2 entretiens (si l’on considère que le processus de recrutement chez Campagnol Roussâtre compte pour 1)
– 2 propositions de poste
– 1 emploi
Une Wisel heureuse. Et en vacances. Et bientôt riche.